• Portrait d’une personne boulimique

Les boulimiques, en essayant de combler leur vide affectif par la boulimie, extériorisent leur besoin d’amour.

La boulimie est la maladie du manque, du vide, mais aussi du trop : trop manger, trop penser, trop travailler, trop aimer…

La personne boulimique nie ses émotions, ses blessures, sa souffrance.

Elle est trop polie, trop gentille, évite à tout prix les conflits. Elle est incapable de connaitre ses besoins, elle mange pour oublier, pour se faire plaisir. Elle ne sait pas « éprouver », et recherche ce sentiment dans la surconsommation d’aliments.

Son émotion principale est la peur : peur de dire non, peur des autres, de l’engagement, de l’intimité, peur du manque, peur de vivre ; ce qui nourrit son anxiété

  • Facteurs familiaux et socio culturels

Certaines mères commettent l’erreur précoce de nourrir leur nourrisson trop et trop souvent, dans la crainte de ne pas pouvoir supporter les pleurs de l’enfant. De ce fait, il n’apprend pas à reconnaitre la sensation de faim. En grandissant, il aura tendance à confondre angoisse, tension, et faim, et sera tenté de manger pour apaiser son anxiété.

Les parents des boulimiques sont souvent hyper protecteurs, rigides, intrusifs, voulant garder leur enfant près d’eux ; ils peuvent présenter des addictions : travail, alcool, dépendance affective.

Ces troubles commencent au moment de la puberté, de l’adolescence, parfois au moment du départ du foyer familial, du mariage. Notre culture, les pressions socio culturelles, les aggrave en propageant l’image de la femme idéale.

Les personnes présentant un rapport perturbé avec la nourriture ont pu vivre une profonde déception dans les relations avec leurs proches et tentent de combler leurs besoins en se tournant vers des substituts.

Le rôle du père est important dans le développement émotionnel des jeunes filles.
Notre culture a véhiculé l’image de l’homme stéréotypée : un petit garçon se doit de réprimer ses émotions, de se montrer fort et courageux, de cacher sa tristesse. Ce qui amène les hommes à se détacher physiquement et émotionnellement de la famille.

La culture véhicule aussi le mythe qui donne un rôle secondaire au père dans l’éducation des filles. Quand le désir d’un lien émotionnel avec le père est comblé, l’enfant peut grandir en confiance et en se sentant en sécurité, dans le cas inverse, cela peut engendrer des troubles des conduites alimentaires.

 
  • Boulimie et blessures émotionnelles

La boulimie peut résulter de :

  • Une perte d’énergie consécutive à une épreuve:

La boulimie au niveau énergétique, signifie qu’il existe un manque d’énergie à l’intérieur du corps, suite à des épreuves vécues (violences, décès, divorce, chômage…).

Le corps va alors chercher à compenser le vide, à récupérer de l’énergie au travers de la nourriture, ce qui lui donnera un sentiment de sécurité

  • Une perte d’énergie suite à des humiliations:

Le surpoids est systématiquement lié à des blessures d’humiliation.

Il est intéressant de chercher dans son passé, et surtout dans l’enfance, l’adolescence, la personne qui a pu vous humilier : parents, conjoints ex-conjoints, collègues.

La cause des humiliations ressenties peut sembler insignifiante, mais elle a pour conséquence de réactiver le vécu émotionnel originel de ces blessures d’humiliation du passé, et leur intensité est identique à celles du passé.

La boulimie pourrait être aussi la conséquence de la culpabilité de ne pas avoir réagi suite à une humiliation, et c’est donc un moyen de se punir.

La boulimie peut être une manière de se punir soi-même d’un échec ou de trop de solitude.

De plus, inconsciemment, nous pouvons aussi nous humilier nous mêmes par certaines phrases dévalorisantes, comme par exemple : « je suis nul », « je suis gros », « je n’ai aucune volonté »…

  • Un réflexe de protection du corps,

qui, pour mieux résister à des agressions, de la manipulation, du harcèlement, des violences, se crée une carapace.

  • Un message héréditaire du corps.

Nous pouvons avoir des liens psychiques avec des personnes de notre famille, des générations précédentes, qui ont pu rencontrer des traumatismes en lien avec la faim (pauvreté, guerres, famine…), dont on a pu hériter malgré nous, cela peut nous bloquer et avoir des conséquences négatives sur nos comportements alimentaires.

Nous avons pu aussi hériter de comportements familiaux qui font que parfois, plusieurs personnes d’une même famille vont être en situation de surpoids, ou d’obésité.

  • Peur d’être abandonné

D’un point de vue émotionnel, lorsqu’une personne a décidé de couper le lien avec sa mère :  à certains moments il se sent dans le manque, et tombe dans l’autre extrême, celui d’avoir besoin de sa présence maternelle.

Mentalement, une partie de soi veut garder sa mère exclusivement pour soi, alors que l’autre partie la rejette. Il arrive aussi que l’on ne veuille pas être contrôlé par sa mère car on veut tout contrôler, à tel point que l’on perd le contrôle. C’est identique pour la nourriture : on perd le contrôle en se gavant de nourriture, et on le reprend en vomissant.

  • L’ennui

Pour les personnes borderline et les personnes souffrant d’addictions, l’ennui est une souffrance insoutenable, et peut être dévastateur pour certains.

Voici quelques témoignages :

-l’ennui me fatigue émotionnellement et physiquement

-l’ennui c’est la peur, l’angoisse

-l’ennui c’est l’envie de fuir, de mourir, un sentiment de vide, l’impression de perdre pied

-ça se passe au niveau du ventre : c’est un trou, c’est le vide, c’est un état de survie. La boulimie c’est ce qui permet de survivre à cet ennui, à ce vide

  • Conséquences

Ces troubles des conduites alimentaires ont un retentissement important, tant sur le plan individuel, familial, que social :

  • Retentissement majeur sur la santé physique (problèmes cardiaques, gastro intestinaux ; perturbations hormonales, faiblesse musculaire), et psychique (troubles de l’humeur, troubles anxieux), et sont associés à un risque important de surmortalité liée aux troubles métaboliques induits et au suicide
  • Ces troubles sont souvent associés simultanément ou au cours de la vie à d’autres troubles psychiatriques, au premier rang desquels sont la dépression, les troubles anxieux, les troubles addictifs, et les troubles de la personnalité